« Ô mes délices, Seigneur de toutes choses créées et mon Dieu ! Jusques à quand attendrai-je votre présence ? Quel remède donnez-vous à celle qui n'a guère de repos sur terre, si ce n'est en vous ? Ô vie longue ! Ô vie pénible ! Ô vie qu'on ne vit point ! Ô solitaire solitude ! Qu'elle est sans remède ! Donc, quand, Seigneur, quand ? Jusques à quand ? Que puis-je faire, mon Bien, que puis-je faire ? Devrais-je, d'aventure, désirer de ne pas vous désirer ? Ô mon Dieu et mon Créateur, vous frappez et vous n'appliquez pas l'onguent, vous blessez et l'on ne voit pas la plaie ; vous tuez et on n'en est que plus vivant ; enfin, mon Seigneur, le Tout-Puissant que vous êtes fait ce qu'il veut. Mais, mon Dieu, voulez-vous qu'un ver de terre aussi méprisé souffre ces contrariétés ? Qu'il en soit ainsi, mon Dieu, puisque vous le voulez, car je ne veux rien d'autre que vous aimer. Ainsi soit-il. »
Sainte Thérèse d'Avila